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mercredi 29 août 2018

Nouvelle histoire du Second Empire

Biographe de Lamartine, Briand et Defferre, Gérard Unger nous conte l'histoire du Second Empire. Son but est de montrer la France de l'époque, "dans sa routine et ses archaïsmes persistants, mais aussi ses changements porteurs d'avenir." Article paru dans la Revue du Souvenir Napoléonien n°515, avril-juin 2018, p. 59. 


L'auteur rappelle que le régime a transformé la France et souligne que la Troisième République a poursuivi certaines politiques impériales (éducation, politique coloniale). Il divise son ouvrage en quatre parties. Pour devenir César, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République depuis 1848, doit réviser la Constitution pour se maintenir au pouvoir mais, échouant dans cette tentative, décide de faire un coup d'État. Son parcours, de sa naissance au coup d'État, est rappelé. Étant César, entre 1852 et 1860, Napoléon III met en place un régime autoritaire et conduit une politique étrangère brillante. La troisième partie du livre est consacrée à la description de la France du Second Empire. C'est une économie à deux vitesses avec ses innovations et ses archaïsmes, une société diverse et inégalitaire. Le Second Empire est une période faste pour la vie intellectuelle. La dernière partie de l'ouvrage, intitulée "le Capitole et la roche tarpéienne (1860-1870)" s'intéresse à la deuxième décennie du règne où Napoléon III libéralise progressivement son régime. Sur le plan international, malgré quelques réussites, cette fin de règne est marquée par des désillusions et surtout par l'échec final face à la Prusse qui emporte le régime (l'historien fait aussi plusieurs clins-d’œil à Lamartine à qui il avait consacré une biographie en 1998). 
Un cahier central réunit autour de Napoléon III, épouse et fils, proches (Persigny, Plon-Plon, Morny, Rouher), opposants (Thiers, Gambetta, Ferry), courtisanes (la Castiglione et la Païva), acteurs internationaux (Bismarck, Alexandre II, Victor-Emmanuel II, Victoria), mouvements artistiques (Courbet, Manet, Beaudelaire et Daumier), vie économique et sociale (le Creusot, la paysannerie, les travaux d'Haussmann) et batailles (Malakoff, Solférino et Sedan). Il aurait été intéressant d'utiliser les travaux de Juliette Glikman et Francis Choisel et les récentes biographies de Persigny et Bismarck. On regrettera également qu'il n'y ait qu'une carte consacrée aux opérations en Crimée, et pas aux autres thématiques. 

Gérard Unger, Histoire du Second Empire, Paris, Perrin, 2018, 480 p., 24 euros 90. 

mardi 28 août 2018

Clausewitz, l'inconnu illustre


Bruno Colson nous conte pas à pas la vie de Carl von Clausewitz, personnage principalement connu pour avoir écrit De la Guerre (Vom Kriege). Il s'intéresse au personnage dans sa globalité, et pas seulement au théoricien de la guerre qu'il fut. Article paru dans la Revue du Souvenir Napoléonien n°515, avril-juin 2018, p. 55. 

Né en 1780 à Burg (actuelle Saxe-Anhalt), Clausewitz entre à douze ans dans l'armée prussienne, ce qui l'amène, bien qu'il ne puisse pas encore combattre, à être témoin du siège de Mayence, occupée à cette époque par 23 000 Français. Pendant sa garnison à Neuruppin, il augmente ses connaissances par des lectures. En 1801, il entre à l'Institut pour les jeunes officiers où il fait la rencontre de Gerhard von Scharnhorst, qui va devenir son mentor. C'est à partir de 1802 qu'il se lance dans l'écriture en parallèle à ses activités d'officier prussien. L'année suivante, son affectation comme aide de camp du prince Auguste de Prusse lui permet de commencer à côtoyer la cour. Il est témoin de la victoire du maréchal Davout à Auestaedt en 1806 où il a une conduite courageuse. La catastrophe de 1806 le traumatise. Ami de Scharnhorst et Gneisenau, il participe à leur réforme de l'armée des années 1808-1811. En 1812, alors que Napoléon se prépare à envahir la Russie et qu'il force la Prusse à s'allier avec lui, Clausewitz propose de servir l'armée du tsar. Une décision qui lui vaut une disgrâce de quelques années de la part du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. À la fin de la campagne, il participe aux négociations avant Tauroggen, prélude au changement de camp de la Prusse. En 1815, il est le chef d'état-major d'un des quatre corps d'armée prussien et ses décisions prises à Ligny et Waterloo ont une portée considérable. Il devient ensuite directeur de l'École de guerre de Berlin après avoir été nommé général, ce qui lui permet de se consacrer à l'écriture. En 1831, les Prussiens, craignant une propagation du soulèvement polonais, mobilisent des troupes sous le commandement de Gneisenau qui fait appel à Clausewitz pour être son chef d'état-major. Mais le choléra emporte les deux brillants officiers prussiens. L'oeuvre de Clausewitz est publiée à titre posthume par son épouse Marie. C'est à partir de 1870 que Vom Kriege rencontre un grand succès (traduit dans de nombreuses langues), jamais démenti. Bruno Colson a passé plusieurs années à dépouiller les archives pour nous faire connaître toutes les facettes de ce personnage intéressant. 

Bruno Colson, Clausewitz, Paris, Perrin, 2016, 517 p., 27 euros.