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dimanche 7 décembre 2014

Compte-rendu de la soutenance d'habilitation à diriger des recherches d'Éric Anceau, 6 décembre 2014 en l'amphithéâtre Descartes de la Sorbonne

JURY :

Pr. Jacques-Olivier Boudon : professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne, garant.
Pr. Malcolm Crook : professeur en histoire française à l'université de Keele (Angleterre).
Pr. Yves Déloye : professeur de science politique à l'institut d'études politique de Bordeaux, rapporteur.
Pr. Jean Garrigues : professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Orléans, rapporteur.
Pr. Françoise Mélonio : professeur de littérature à l'université de Paris-IV-Sorbonne.
Pr. Jean-Noël Luc : professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne, rapporteur.
Pr. Jean-Pierre Machelon : professeur émérite de droit à l'université de Paris-V-René Descartes, président du jury.

Dans l'assistance, il y avait Frédéric Attal (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Valenciennes), Maïté Bouyssy (maître de conférences honoraire de l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne) Yves Bruley (chargé de mission à l'Académie des sciences morales et politiques, docteur en histoire des relations internationales), Noëlline Castagnez (maître de conférences en histoire contemporaine à l'université d'Orléans), Guillemette Crouzet (Attaché temporaire d'enseignement et de recherche en histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne, docteur en histoire contemporaine), Olivier Dard (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne), Anne-laure Dupont (maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne), Jean El Gammal (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine), Bernard Gaudillère (ancien adjoint de Bertrand Delanoë et spécialiste de l'histoire électorale), Juliette Glikman (historienne du Second Empire, docteur en histoire contemporaine), Antoine Gournay (maître de conférences en histoire de l'art à l'université de Paris-IV-Sorbonne), Jean-Marc Guislin (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lille III-Charles de Gaulle), Rémy Hême de Lacotte (professeur agrégé et docteur en histoire contemporaine, docteur en histoire contemporaine), Arnaud-Dominique Houte (maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne), Bertrand Joly (ancien conservateur du XIXe siècle aux Archives nationales et professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes), Bernard Klein (professeur agrégé à l'université de Paris-IV-Sorbonne), Jean-Pierre Martin (professeur émérite d'histoire romaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne) Françoise Martin (maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne) Charles-François Mathis (maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Bordeaux-Montaigne), Xavier Mauduit (journaliste et historien du Second Empire, docteur en histoire contemporaine), Vincent Robert (maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne), Claude Rochet (professeur à l'université d'Aix-Marseille), Rosemonde Sanson (maître de conférences honoraire à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne), Jacques-Alain de Sédouy (ambassadeur de France et historien) Olivier Tort (maître de conférences en histoire contemporaine à l'université d'Artois) et Nadine Vivier (ancienne présidente de l'AHCSER et professeur d'histoire contemporaine à l'université du Maine). Le neveu d'Éric Anceau a évalué le public à 89 personnes.

EXPOSÉ D'ÉRIC ANCEAU :

Éric Anceau indique que c'est un plaisir particulier de soutenir dans l'amphithéâtre Descartes même s'il était prévu à l'origine que la soutenance se fasse dans l'amphithéâtre Guizot, qui porte le nom d'un homme politique important du XIXe siècle. Toutefois, l'amphithéâtre Descartes a une valeur sentimentale car il y a passé l'examen final du cours de Jean Tulard sur le Consulat et l'Empire, y a fait ses premiers cours en temps que maître de conférences et y fait actuellement des cours de préparation au certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire (CAPES) d'histoire/géographie.
Ensuite, il explique pourquoi il a mis si longtemps à préparer son habilitation à diriger des recherches. En effet, il a soutenu son doctorat en 1997 et a été élu maître de conférences en 1999 et il aurait donc pu soutenir depuis longtemps son habilitation. Il n'a pas pu le faire plus tôt car il ne se sentait pas mûr pour un poste de professeur des université puisqu'il a de nombreuses activités extra-universitaires et parce qu'il a du renoncer à deux sujets auxquels il avait d'abord pensé.
Enfin, pour son habilitation, il présente un mémoire qui revient sur son parcours de chercheur, un autre présentant quelques-uns de ses travaux et un dernier inédit s'intitulant L'Empire libéral. Essai d'histoire politique totale. L'ensemble du travail fait 1 700 pages.

INTERVENTION DE JACQUES-OLIVIER BOUDON :

Jacques-Olivier Boudon commence par remercier Éric Anceau de l'avoir choisi comme garant depuis quelques années. Il reconnaît la qualité de son travail d'autant plus qu'ils se connaissent depuis plus de vingt ans. Il rappelle qu'Éric Anceau a fait une thèse sous la direction de Jean Tulard qui est présent dans la salle par la pensée. Il souligne que son départ pour l'université de Rouen a permis à Éric Anceau d'être élu maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne. Il reconnaît, grâce aux remarques des étudiants, qu'Éric Anceau est un très bon enseignant. Il indique que le candidat est un des meilleurs connaisseurs de l'histoire politique contemporaine qui sait participer à des travaux collectifs.
Le mémoire inédit offre une lecture renouvelée d'une période courte. Il s'agit d'un gros travail de recherche : 1 600 livres lus et de nombreux fonds d'archives consultés. Il remarque quelques imprécisions et trouve le parallèle entre les Cent-Jours et l'Empire libéral un peu étrange.
Éric Anceau indique que s'il est mesuré dans son texte, il fait usage de formulation choc dans ses titres (l'état de grâce, Bérézina, etc). Il explique que le parallèle entre les Cent-Jours et l'Empire libéral par le fait que l'opposition le faisait déjà à l'époque.

INTERVENTION DE JEAN GARRIGUES :
Jean Garrigues indique que ce 6 décembre 2014 est une journée de triomphe pour quelqu'un qui est plus qu'un collègue, qui est un être humain de grande qualité. Le mémoire montre une bonne cohérence dans les recherches. Il critique l'exercice de devoir faire un mémoire d'ego histoire car l'historien doit s'effacer devant son travail. Garrigues et Anceau ont la volonté commune de faire chacun une biographie d'Adolphe Thiers.
Éric Anceau indique que l'idée d'une biographie de Thiers lui a été suggérée par Perrin qui a refusé le manuscrit de son Empire libéral parce qu'il est trop conséquent et cette biographie devrait sortir en 2017. Néanmoins, Anceau indique pouvoir cette biographie car il a croisé ce personnage à de nombreuses reprises et a donc des dossiers sur lui. En somme, je me rappelle que lors d'un de ses cours d'historiographie politique de la France contemporaine, il nous avait indiqué que ce projet pouvait se faire dans la mesure où la veuve d'Alain Plessis, historien qui avait envisagé de faire une biographie de l'historien du Consulat et de l'Empire, lui avait confié les papiers de son époux sur Thiers.

INTERVENTION DE JEAN-NOËL LUC :

Jean-Noël Luc indique que le mémoire inédit est imposant et stimulant. En effet, c'est un travail imposant qui pèse 5 kg 100 et qui a nécessité un tour de France des archives départementales. Il trouve l'histoire politique d'Éric Anceau trop sélective en remarquant que l'histoire de l'enseignement était peu présente et que l'héritage de la Monarchie de Juillet était minoré. Il critique les limites chronologiques employées par Anceau ainsi que sa distance par rapport à son sujet à certains moments. Toutefois, il indique qu'Éric Anceau est un universitaire sur qui on peut compter tout en lançant l'avertissement qu'être professeur des universités est une tâche lourde avec de nombreuses responsabilités administratives.

INTERVENTION D'YVES DÉLOYE :

Yves Déloye se considère être le membre le plus incompétent à siéger dans ce jury et il indique qu'Éric Anceau a toutes les capacités pour recevoir l'habilitation à diriger des recherches. Il se dit impressionné par la culture livresque du candidat et considère que ce dernier aurait du avoir son habilitation plus tôt tout en reconnaissant qu'en science politique, l'habilitation était donnée trop tôt alors qu'il faut laisser du temps au temps comme Éric Anceau a su le faire en attendant dix-sept ans, depuis la soutenance de sa thèse, pour soutenir son habilitation. Déloye trouve que la cartographie devrait être dans le texte du mémoire au lieu d'être relégué en annexe. Il souligne qu'Éric Anceau possède une écriture agréable à lire. Ce dernier indique qu'il publiera durant l'année 2015 une histoire des élites chez Belin.

 INTERVENTION DE MALCOLM CROOK :

Malcolm Crook félicite Anceau pour ses travaux et il indique que l'habilitation n'existe pas en Angleterre où il suffit d'être docteur pour encadrer des recherches.

INTERVENTION DE FRANÇOISE MÉLONIO :

Françoise Mélonio indique que le mémoire inédit est un travail monumental. Le concept d'histoire totale la dérange un peu.

INTERVENTION DE JEAN-PIERRE MACHELON :

Jean-Pierre Machelon indique qu'il a des goûts communs scientifiques et qu'il voisine depuis longtemps avec Éric Anceau. Il remercie le candidat d'avoir donné son mémoire cinq mois avant la soutenance aux membres du jury pour qu'ils puissent lire ce travail imposant. Il reproche à Éric Anceau de ne pas avoir subdivisé davantage la table des matières et de ne pas trouver de table des annexes ni d'index. Il revient sur quelques coquilles et erreurs. Il remarque que dans le mémoire de synthèse Éric Anceau a su faire preuve de modestie en pensant ne pas être assez mûr pour les fonctions de professeur. Le candidat a fait un ambitieux et audacieux manifeste pour l'histoire totale du politique. Comme Francis Choisel et Sudhir Hazareesingh, Éric Anceau a fait un parallèle entre le bonapartisme et le gaullisme.

Après avoir délibéré durant quelques minutes, le jury a déclaré Éric Anceau habilité à diriger des recherches et l'assistance a reconnu par ses applaudissements la grande qualité des travaux de cet excellent historien.