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dimanche 30 juillet 2017

Les guerres de Vendée revisitées


L'historien Jean-Joël Brégeon et l'écrivain Gérard Guicheteau s'associent pour cette Nouvelle histoire des guerres de Vendée. Les deux auteurs n'hésitent d'ailleurs pas à faire appel aux anecdotes pour nourrir leur récit. Article paru dans la Revue du Souvenir Napoléonien n° 511, avril-juin 2017, p. 67. 
Les guerres de Vendée (1793-1832) ont intéressé de nombreux historiens. Parmi les conflits les plus sanglants, elles touchèrent presque tout l'ouest de la France. Les auteurs ont pour ambition de proposer une nouvelle présentation, sans grille de lecture manichéenne. Deux historiographies se sont longtemps opposées : d'un côté royaliste, favorable aux Vendéens et les victimisant ; de l'autre une analyse républicaine minimisant les souffrances des Vendéens. Indéniablement, les deux camps firent preuve d'atrocités. 

Jean-Joël Brégeon et Gérard Guicheteau, Nouvelle histoire des guerres de Vendée, Paris, Perrin, 2017, 421 p., 23.90 euros. 

Les collaborateurs de Napoléon


Dans la collection « Tempus » des éditions Perrin, le directeur de la Fondation Napoléon, Thierry Lentz, réédite (1) son ouvrage consacré aux ministres de Napoléon. Un rappel utile de leurs fonctions et de leurs rôles, souvent passés sous silence. Article paru dans la Revue du Souvenir Napoléonien n° 511, avril-juin 2017, p. 62. 
Thierry Lentz souligne dès le début de son livre que la fonction de ministre sous Napoléon est peu connue. En effet, parce que l'Empereur possède une capacité de travail extraordinaire et qu'il veut s'intéresser à tout., ses ministres sont souvent perçus comme de simples collaborateurs. Parmi les trente-deux ministres de Napoléon, seuls quelques noms viennent à l'esprit, à l'exemple de Talleyrand et de Fouché (mais l'auteur estime que cette postérité n'est pas liée à leur département ministériel sous le Consulat et le Premier Empire mais plutôt au fait que l'un fut le prince des diplomates et le second passe pour être l'inventeur présumé de la police moderne). L'auteur nous fait également mieux connaître les personnalités de chacun des ministres. Il s'intéresse tout d'abord à leurs rôles dans l'État napoléonien, en étudiant leur statut selon la constitution, le travail avec l'Empereur lors des conseils, les différentes catégories de ministres et des éléments d'histoire ministérielle. Une place importante est accordée à Cambacérès, celui-ci étant souvent considéré comme un véritable Premier ministre. 
La deuxième partie de l'ouvrage comprend douze chapitres présentant chacun un département ministériel. Enfin, la troisième partie est consacrée à la biographie analytique et comparée des trente-deux ministres de Napoléon. L'auteur présente une prosopographie selon les critères suivants : état civil ; origines sociales et la formation ; ministres pendant la Révolution ; carrières des ministres sous le Consulat et le Premier Empire ; décorations, dotations, titres et honneurs ; attitude des ministres en 1814 et 1815 ; après Empire ; descendance et transmission des titres.
Thierry Lentz nous offre ainsi un ouvrage de référence pour tous les passionnés d'administration et de personnel politique.

1. Paris, Éditions Christian, 1999.

Thierry Lentz, Les ministres de Napoléon, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2016, 320 p., 9 euros. 

Deux géants de la France


Directeur d'études à l'EHESS, Patrice Gueniffey publie un Napoléon et de Gaulle, deux personnalités parmi les héros préférés des Français et qui ont tous deux incarné la figure du sauveur dans des circonstances pourtant diamétralement opposées. Article paru dans la Revue du Souvenir Napoléon n° 510, janvier-mars 2017, p. 60.

En 1986, Francis Choisel avait publié un ouvrage intitulé Bonapartisme et Gaullisme, issu de sa thèse de doctorat. Reprenant la comparaison, Patrice Gueniffey, qui travaille actuellement sur la biographie de Napoléon dont il a publié le premier volume en 2013 sous le titre Bonaparte, se transforme ici en Plutarque pour nous faire une vie parallèle entre Napoléon et de Gaulle. Deux dates peuvent être mises en avant : le 18 juin et le 9 novembre. Le 18 juin 1815, Napoléon perdit en effet sa dernière bataille à Waterloo tandis qu'en 1940 le général de Gaulle appela les Français à résister contre l'occupant nazi. Le 9 novembre 1799, le général Bonaparte s'empara du pouvoir par un coup d'État tandis qu'en 1970 le président de Gaulle rendit son dernier soupir. L'un fut le sauveur de la France durant la période troublée de la Révolution et fut le bâtisseur des institutions de la France contemporaine ; l'autre fut le sauveur de la France durant la Seconde Guerre mondiale et le fondateur de la Cinquième République. Tous deux furent des militaires brillants et surent manier la plume pour la postérité. Tous deux étaient des bâtisseurs, laissant une empreinte indélébile sur l'histoire de France avec un héritage important. Le livre est passionnant, comme son sujet. 

Patrice Gueniffey, Napoléon et de Gaulle, Paris, Perrin, 2017, 400 p., 21 euros. 

  

La mort des empires


Patrice Gueniffey et Thierry Lentz rééditent chez Perrin dans la collection « Tempus » l'ouvrage qu'ils ont dirigé consacré à la fin des empires. Article inédit. 

L'historien des relations internationales Jean-Baptiste Duroselle écrivait que « tout empire périra ». C'est pourquoi Patrice Gueniffey et Thierry Lentz ont réuni une vingtaine d'historiens pour raconter et analyser le déclin et la chute des empires qui ont façonné le monde. Vingt chapitres nous portent de la fin de l'empire d'Alexandre au déclin de l'Empire américain. Nos lecteurs y retrouveront Thierry Lentz étudiant la fin du système napoléonien sur l'Europe mais ils ne trouveront pas de chapitre sur le Second Empire puisque celui-ci ne façonna pas le monde mais seulement la France. Ils pourront se réconforter par l'étude des empires qui ont inspiré celui de Napoléon, à savoir l'empire romain et l'empire carolingien. Le Saint-Empire romain germanique dont Napoléon fut le fossoyeur a également un chapitre qui lui est consacré. Le XXe siècle occupe une place prédominante dans l'ouvrage puisqu'il a connu la fin de huit empires (Autriche-Hongrie, Empire ottoman, Troisième Reich, Japon, les empires coloniaux britannique et français et l'empire soviétique). Pierre Melandri conclut le livre en se posant la question d'un éventuel déclin de l'Empire américain.
Cet ouvrage est intéressant pour ceux qui veulent connaître le monde d'hier afin de comprendre celui d'aujourd'hui. 

Patrice Gueniffey et Thierry Lentz (dir.), La fin des empires, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2017, 576 p., 10 euros.