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dimanche 20 mai 2012

"Napoléon III et l'impératrice Eugénie en villégiature à Fontainebleau. Un château, une ville et sa forêt sous le Second Empire" conférence de Patrick Daguenet

Dimanche 20 mai 2012, à dix heures, la conférence de l'historien Patrick Daguenet commence dans la grande salle du Théâtre municipal de Fontainebleau au son d'une valse qu'il fait écouter à l'assistance. Daguenet fait sa conférence à l'aide de tableaux et de photographies généralement d'époque projetés à l'écran. Il explique son sous-titre par le fait que l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie se détendaient au château mais profitaient aussi de la ville et de la forêt. Plusieurs tableaux projetés sont l'oeuvre de Winterhalter, le peintre officiel du Second Empire. Daguenet présente rapidement Napoléon III en rappelant que l'empereur, né en 1808, connaissait bien la ville de Fontainebleau puisqu'il y avait été baptisé en novembre 1810. Il insiste surtout sur le fait que Napoléon III fût un dictateur (je crains que Patrick Daguenet fasse partie des historiens qui pensent que Napoléon III serait le précurseur des régimes totalitaires du XXe siècle, ce qui est faux), qu'il fût un homme "d'extrême-droite (sic) qui a un côté social très développé". Il a mentionné une oeuvre de Napoléon III : son Extinction du paupérisme (1844). Il rappelle que le Second Empire a longtemps été condamné par l'historiographie avant d'être réhabilité sur les plans artistiques et économiques car selon Daguenet, le Second Empire ne peut pas être réhabilité dans le domaine politique. On apprend que l'impératrice se déguisait en Marie-Antoinette pour laquelle elle se passionna. Elle occupa ses appartements à Fontainebleau. La gare de Fontainebleau, inaugurée en 1859 et équipée à l'origine de trois voies, permettait à l'empereur, à l'impératrice et à leurs invités de venir en train depuis Paris. Le nombre d'invités s'élevait à une cinquantaine et ils venaient, au minimum pour une semaine, avec de nombreux bagages, ce qui provoquai des heurts entre eux. Ils entraient par la cour d'honneur. Le choix du mobilier du château et des invités faisait partie du domaine de l'impératrice. L'aile Louis XV du château était réservée aux invités prestigieux. Si les invités arrivaient en retard, ils pouvaient être amenés à payer une petite amende. En 1857, Prosper Mérimée proposa à l'assistance une dictée où le prince de Metternich, l'ambassadeur d'Autriche, s'illustra par son excellente maîtrise de l'orthographe. Le théâtre impérial, inauguré en 1857, servit à une dizaine de reprises entre 1860 et 1668. Lors des repas, le service à la russe (les plats sont servis dans un ordre) remplaçait le service à la française (tous les plats sont présents sur la table au même moment). L'audience de trois ambassadeurs siamois en 1861 fut un moment important de la vie de cour à Fontainebleau. On s'amusait beaucoup à Fontainebleau : promenades, concerts donnés par un orchestre militaire, tirs de feux d'artifices auxquels les Bellifontains étaient invités, navigations sur l'étang aux carpes avec quelques hommes tombant à l'eau (y compris le prince impérial) sans cas de noyade constaté car l'on nageait bien à l'époque, promenades et piques-niques en forêt (la cuisine pouvait se faire dans la forêt), parties de chasse, promenades sur la Seine et à Melun, promenades aux flambeaux, etc. L'empereur et l'impératrice rencontraient les artistes de Barbizon et leur achètaient quelques toiles. "Fontainebleau est un laboratoire de la création culturelle". Fontainebleau, ville royale et impériale encore dominée par la paysannerie à l'époque (la foire aux bestiaux a eu lieu devant le château jusqu'au début du XXe siècle),  commença à voir son tourisme se développer à partir du Second Empire. Les séjours de la cour à Fontainebleau cessèrent en 1868. Par la suite,  seul le président Sadi-Carnot alla à Fontainebleau. et l'impératrice Eugénie fit une dernière visite dans la ville en juillet 1914. 

Pour en savoir plus sur le Second Empire : 

ANCEAU Eric, La France de 1848 à 1870. Entre ordre et mouvement, Paris, Le Livre de Poche, coll. "Références", 2002.
ANCEAU Eric, Napoléon III. Un saint-simonien à cheval, Paris, Tallandier, 2008.
ENCREVE André, Le Second Empire, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?", 2004.
LENTZ Thierry, Napoléon III, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?", 1995.
SMITH William, Eugénie, impératrice et femme, Paris, Orban, 1989.
SMITH William, Napoléon III, Paris, Nouveau Monde éditions, coll. "Poches", 2007 [1982].

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